Elvin Flamingo

Elvin Flamingo, PhD (Jarosław Czarnecki, PhD), est un artiste travaillant depuis 2008. Maître de conférences à la faculté de sculpture et d’intermédia de l’Académie des beaux-arts de Gdańsk, en Pologne. Doyen associé de l’Intermedia (2016-2019).

Ses projets combinent art, biologie et technologie (bioart, art&science). Le projet de loin le plus important d’Elvin Flamingo est The Symbiosity of Creation VOL.1. L’œuvre a commencé en 2012 et devrait se poursuivre jusqu’en 2034. Le point de départ de l’œuvre est la culture de fourmis exotiques. Elle se compose de trois parties invoquant les thèmes de la destruction et de la re-création. Les éléments respectifs de l’œuvre sont les suivants : Reconstruction de la culture non-humaine, Royaume du Quotidien partagé et Après les humains, la Biocorporation. L’œuvre a été nominée pour le prix du Premier ministre polonais pour les arts. Elle a également été le sujet de la thèse de doctorat d’Elvin Flamingo, soutenue en 2014. The Symbiosity of Creation a bénéficié d’une large couverture dans le pays et à l’étranger. L’œuvre a remporté le prix de la critique à la Biennale d’art média WRO : Test Exposure, à Wrocław, en Pologne, en 2015.

Plant~Animals ~ The Symbiocity of Creation

Cooperation:
Xavier Bailly, PhD, CNRS — SORBONNE UNIVERSITÉ — Station Biologique de Roscoff, Bretagne, France.

Inspiration:
Non—Places, Marc Augé
Land of Opportunities: Dogville, Manderlay, Lars von Trier
Hamburg Hauptbahnhof vs. The Social Movements

1. La symbiose de la terre des opportunités

Deux chefs-d’œuvre de l’art cinématographique du réalisateur danois Lars von Trier, Dogville et Manderlay, ont été l’une des sources d’inspiration du projet de deux incubateurs mis en place selon l’idée de la symbiocité de la création, de sorte que l’ensemble du premier (Dogville) comprenne 21 espaces, et que l’ensemble du second (Manderlay) en comprenne 6, soit un total de 27 habitats distincts pour 27 colonies distinctes de Symsagittifera roscoffensis. Les intérieurs des deux espaces, refroidis à une température de 14°C, d’une taille totale de 0,5 m³, ont été préparés en vue de déclencher des « scènes » uniques (dans chaque vaisseau) qui aideraient à étudier à la fois le mouvement social des organismes non humains, la fusion étrange d’une plante et d’un animal et leurs interdépendances, la façon dont les humains (nous) les influencent, en leur assurant les meilleurs soins possibles et en essayant de créer des habitats parfaits. En outre, ils faciliteraient une autre façon d’étudier la science, en fusionnant la science et l’art avec ce qui est unique dans le corps non humain. La personne qui effectue ces recherches et veille à ce que le récit correct soit perpétué est Eugene Rossenth, une femme scientifique et idéaliste dans le domaine de la biologie et de la psychologie (l’alter ego d’Elvin Flamingo). Cependant, il n’est pas évident que Rossenth réussisse dans ce rôle et le gère correctement. Rossenth est une conversion du personnage de Grace présent dans les deux films précédemment cités. En nous inspirant de la trilogie USA-Land of Opportunities, nous proposons notre propre interprétation et une conversion d’un récit, une tentative de collaboration d’une colonie de Symsagittifera et de Platymonas (au lieu de communautés humaines), avec l’actrice Eugene Rossenth (remplaçant l’idéaliste Grace). Le film Washington devait être le troisième volet de la trilogie de von Trier. Bien entendu, la tentative de traduire la partie inexistante de la trilogie de von Trier dans la création processuelle du projet scientifique et artistique en question n’est que sémantique et ne constitue en aucun cas une charge pour l’une ou l’autre partie. Il s’agira d’observer comment les créateurs d’un même rang d’activités, à savoir le superorganisme Symsagittifera et Eugene Rossenth, vont permettre et faciliter le travail de l’autre sur leurs dépendances et interconnexions : entre Rossenth (Grace) et des communautés végétales et animales entières (les habitants de Dogville et de Manderlay). Le troisième volet de la trilogie et la troisième partie de la Symbioticité de la Création est donc un projet de recherche mené par la biologiste Eugene Rossenth, en collaboration et sous l’œil attentif d’Elvin Flamingo, l’auteur de l’idée de symbiose de la création et co-auteur du projet Plant~Animals ~ The Symbiocity of Creation. En définitive, inspirés de manière théâtrale, visionnaire et sémantique par la trilogie USA-Land of Opportunities, deux décors avec des espaces spéciaux pour 60 colonies de Symsagittifera roscoffensis. Rossenth est ici confrontée à un énorme défi, puisqu’elle doit finalement être félicitée pour le succès et réprimandée pour le fiasco d’un projet donné. Ni le scénario de l’œuvre, ni le calendrier de recherche n’existent, ce qui est significatif si l’on considère l’ensemble des travaux d’Elvin Flamingo à ce jour. Le terme de calendrier s’applique « uniquement » à un grand cadre expérimental posé sur un champ de possibilités symbiotiques. Il s’agit d’une expérience unique en son genre, à la manière des deux films de Lars von Trier : Dogville et Manderlay, qui ont beaucoup contribué à la création d’une œuvre donnée.

2. Hamburg Hauptbahnhof vs. les mouvements sociaux

Une gare est un rassemblement inhabituel de personnes qui prennent des décisions concernant leurs déplacements ; ce lieu change à chaque heure qui passe. De tels lieux sont qualifiés de non-lieux, où l’on peut observer des relations sociales et des types de perception spécifiques2. L’avantage des gares par rapport aux aéroports est la liberté absolue de choisir la direction du voyage littéralement jusqu’à la dernière minute. Les personnes-humains/animaux-végétaux ont 100% de liberté et de possibilité de choisir la direction qu’ils vont prendre (c’est là que l’étude des mouvements sociaux des animaux-végétaux aura lieu par rapport à toutes les inspirations exposées).
Dans la nature, les animaux végétaux connus sous le nom de Symsagittifera roscoffensis existent le plus souvent sous forme de collectifs mobiles. Les résultats de l’étude du comportement des Symsagittifera ont montré que les individus, réunis en groupes, peuvent atteindre une sécurité relative plus rapidement que ceux qui nagent librement seuls. Par conséquent, ils sont prêts à se fondre en groupes denses lorsqu’ils rencontrent une vague inattendue. Les chercheurs soulignent que leurs observations constituent un exemple fascinant et totalement nouveau de la « sécurité par le nombre ».
Revenons aux mouvements sociaux (humains). De manière significative, ce que l’on peut observer dans les gares, c’est la possibilité de changer sa décision même quelques secondes avant le départ du train choisi/changé (l’un des auteurs de ce texte l’a fait plusieurs fois). En utilisant les lignes de chemin de fer, on peut suivre des réseaux jusqu’alors inconnus, voire abstraits. Le choix de la gare de Hambourg comme l’une des sources d’inspiration n’est pas seulement dû à sa grandeur et à la sacro-sainte précision et l’ordre de construction allemands. C’est un lieu où se croisent d’innombrables réseaux de liaisons ferroviaires, des races humaines, des personnes parlant des langues différentes, des pauvres, des riches, des personnes intelligentes, des personnes sans éducation, des personnes agissant sous l’impulsion du moment, des personnes atteintes de troubles de la personnalité, des personnes luttant contre des maladies mentales, et enfin des scientifiques et des artistes, des visionnaires et des prophètes, des croyants et des athées, des personnes capables de diriger et de manipuler les autres et des personnes qui ne sont que des pions dans le jeu de la vie. Ces connotations forment des regroupements, des rencontres et des relations inhabituelles qui, selon les auteurs du projet, ont un rapport étroit avec le projet discuté Plant~Animals ~ The Symbiocity of Creation. Nous caressons l’espoir que ce sont ces réseaux qui justifient la décision de s’inspirer de la Hauptbahnhof de Hambourg et des décors uniques créés par Lars von Trier dans sa trilogie inachevée, dont le titre a été changé ici en Symbiocity of the Land of Opportunity.
L’un des concepts de recherche envisagés dans le domaine des mouvements collectifs des animaux végétaux est qu’au fur et à mesure que la densité des individus augmente, on peut observer une série de stades, allant de groupes polarisés uniques à des assemblages statiques en passant par d’énormes « moulins à roue ». Des étapes similaires sont également observées chez les humains, lors des crises de panique des personnes évacuées.

3. Symsagittifera roscoffensis

Ils ont été décrits pour la première fois en 1910 par le professeur anglais Frederick Keeble, qui a passé de nombreux mois d’été sur les plages près de la ville de Roscoff, en Bretagne. Keeble les a appelés « animaux végétaux » […]. Ces vers plats de l’espèce Symsagittifera roscoffensis doivent leur couleur verte aux minuscules cellules de l’algue Platymonas qui remplissent leurs tissus. Les Symsagittifera étant transparents, la couleur verte des cellules de Platymonas en photosynthèse transparaît à travers leur corps. […]. Toute leur vie, de la naissance à la mort, se déroule à l’intérieur du corps des vers plats et ce sont ces corps qui produisent la nourriture dont se nourrissent les hôtes. Par conséquent, l’ouverture buccale des Symsagittifera devient superflue et cesse en fait de fonctionner une fois que la larve s’est transformée en adulte. La lumière du soleil atteint les algues, enfermées dans leurs serres vivantes mobiles, et leur permet de produire tranquillement de la matière organique ; certains des produits de la photosynthèse pénètrent dans le corps des vers, les nourrissant de l’intérieur. Les algues symbiotiques participent même à l’élimination des déchets des vers : elles transforment l’acide urique qu’elles produisent en substances utiles pour elles-mêmes. Ainsi, les algues et les vers plats forment ensemble un écosystème miniature, immergé dans l’eau et exposé à la lumière du soleil. En fait, la relation entre les deux partenaires est si étroite que seul un puissant microscope permet de savoir où finit l’animal et où commence la plante.

4. Habitats — conditions idéales pour la vie des Animaux-Plantes

– deux incubateurs :
a) 130 x 70 x 60 cm
b) 100 x 62 x 49 cm1
– température – conditions naturelles : min 10°C / max 17°C = moyenne 13,5°C,
monte jusqu’à 14°C
– pH 8,2
– récipients : 27
– litière – pas de sable
– éclairage mixte
deux néons avec une température de couleur de 8000 K + éclairage Fluval
pour la culture d’organismes marins
– salinisation – 3,3% = 33g de sel marin instantané pour 1 litre d’eau

5. Envie

L’insécurité d’Elvin Flamingo vis-à-vis d’Eugène Rossenth est une sorte de jalousie. Mais ce sentiment est loin d’être de la jalousie ; il s’agit plutôt d’un désir et d’un besoin de travailler en étroite collaboration avec Eugene Rossenth et d’égaler son intelligence. Le placement des dessins d’Eugène Rossenth sur les parois extérieures et intérieures des deux couveuses deviendra avec le temps une évidence. Rossenth est une personnalité encore peu connue qui, par sa simple connaissance d’Elvin Flamingo, est en train d’acquérir rapidement une reconnaissance dans de nombreux domaines, y compris scientifiques. Tout tourne autour du projet Plantes~Animaux ~ La Symbiocité de la Création. Et c’est dans ce domaine que des désaccords apparaissent parfois. Ce projet est avant tout un travail de recherche qui ne se limite pas à l’élevage des plantes et des animaux. Il s’agit d’un travail scientifique perspicace résultant d’une combinaison de biologie, de psychologie, de technologie et d’art.

6. Conclusion

Dans ce projet, nous trouvons des références inédites et risquées à deux expériences, celles de Stanley Milgram et de Philip Zimbardo. Le projet intitulé Plant~Animals ~ The Symbiocity of Creation est une expérience similaire à son inspiration avec quelques travaux majeurs considérés comme des jalons.
En définitive, il faut reconnaître les résultats des études sur les mouvements sociaux de la Symsagittifera roscoffensis. Elles ont montré que l’organisme, grâce à un mouvement circulaire, rassemble tous les individus et finit par atteindre des densités si élevées que les animaux végétaux peuvent former des étendues denses et se comporter ainsi comme s’ils étaient un seul superorganisme.
Ce qu’ils sont en fait !

Elvin Flamingo _ Worms 501

La suite de la philosophie de la symbiosité s’est établie en 2020 puisque l’équipe art&science d’Elvin Flamingo a cocréé avec la scientifique Jowita Nowakowska-Gołacka. Ce duo a déjà réalisé le VOL.2 de Symbiosity of Creation intitulé The Language of Stray Bodies. En 2021, la coopération du duo a pris fin et Elvin Flamingo a commencé à travailler sur Plant~Animals ~ The Symbiosity of Creation en coopération avec le scientifique français Xavier Bailly, responsable de l’équipe Modèles Marins Multicellulaires – Station Biologique de Roscoff – CNRS – Sorbonne Université en France.

Elvin Flamingo est également le fondateur et le conservateur du Club scientifique intercollégial Biomedia.

Quelques prix et distinctions :

2021 – Ars Electronica – première du projet Plant~Animals ~ Symbiosity of Creation
2020 – Prix spécial du maréchal de la voïvodie de Poméranie pour l’ensemble de l’activité artistique, Pologne
2020 – Grand Prix à Nowy Porządek, Poleski Ośrodek Sztuki, Łódź, Pologne.
2017 – Prix du recteur de l’Académie des beaux-arts de Gdańsk pour des réalisations artistiques exceptionnelles, Pologne.
2017 – Grand prix à la Biennale d’art médiatique WRO : Draft Systems, Wrocław, Pologne.
2016 – Grand Prix à la 2e Triennale de l’art poméranien, Sopot, Pologne.
2016 – Collide Shortlist Arts@CERN, Genève, Suisse
2015 – Prix de la critique à la Biennale d’art médiatique WRO : Test Exposure, Wrocław, Pologne.
2015 – Bourse d’études du ministère de la Culture ; Warszawa, Pologne.
2013 – Bourse d’études du ministère des Sciences ; Warszawa, Pologne
2012 – Grand Prix à la Biennale d’art, Gdańsk, Pologne
2009 – Remi d’or au 42e Worldfest Houston Film Festival, Houston, États-Unis d’Amérique